Page 119 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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Voilà, si je ne me trompe, des éléments de garantie qu’il n’est pas
possible de dénier.
Après avoir traité la question dans le sens le plus large, c’est-à-dire
au point de vue du retrait du décret du 20 Janvier 1880, but auquel
tendent les réclamations des fabricants, des peseurs et autres intéressés,
il est à propos d’appeler toute votre attention, Monsieur le Ministre, sur
une proposition qui peut être considérée comme la corollaire de la
précédente.
Il est notoire, certain et parfaitement établi que la romaine à zéro, de
forte portée, ne peut avoir d’utilité pratique que lorsqu’elle est à poste
fixe ; je ne parle ici, bien entendu que des types assez nombreux sur les-
quels ont été faites de nombreuses expériences comparatives en présence
de nos représentants.
Si donc par impossible, vous éprouviez quelque répugnance ou
quelque difficulté à faire rapporter le décret du 20 Janvier, ne serait-il pas
pratique au moyen d’une simple circulaire, par exemple, de faire une judi-
cieuse exception en faveur de nos peseurs assermentés et de les autoriser
à continuer de se servir de la romaine actuelle à une seule portée.
Cette exception, puisant sa raison d’être dans la probité proverbiale
de nos peseurs publics, donnerait une satisfaction immédiate, d’abord aux
fabricants qui, par tolérance, continueraient à façonner des romaines de
l’ancien système en même temps que des romaines à 0 ; en second lieu aux
peseurs qui n’auraient pas à dévier des errements, suivis jusqu’à ce jour,
et finalement au commerce dont les opérations ne seraient pas contrariées
par les retards inévitables qu’occasionnera la pesanteur des nouveaux ins-
truments à 0.
Cette combinaison, dont votre intelligence et votre grande expérien-
ce des Affaires Commerciales vous permettront d’apprécier l’opportunité,
doit couper court aux doléances qu’a provoquées l’apparition inopinée du
décret du 20 Janvier et me paraît, avec quelque raison renfermer la solu-
tion la plus pratique des difficultés qu’a soulevées et que soulève encore
aujourd’hui son application.
J’aime à espérer, Monsieur le Ministre, que vous prendrez en sérieu-
se considération les motifs plausibles que j’ai l’honneur de soumettre à
votre appréciation éclairée et qui vous amèneront, sans doute, à prendre
une décision favorable aux divers intérêts dont je me suis fait un devoir de
plaider la cause commune.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de ma haute
et respectueuse considération.
Le Maire de Marseille
J.B Brochier
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