Page 104 - Les Peseurs Jurés de Marseille
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de peseur juré de commerce, a cependant pesé des barriques d’huile de palme
                                  provenant du navire allemand “Fritz von der Lancken” capitaine Ahrens,
                                  venant de Whidah, à la consignation de la maison Mante Frères de Marseille.
                                        Tout en reconnaissant la matérialité du fait, le sieur Brun soutenait que
                                  l’opération de pesage qui lui était imputée, avait été effectuée par lui en qua-
                                  lité d’employé de la maison “Mante Frères” et que le pesage ayant eu lieu
                                  dans l’intérêt privé et exclusif de ces derniers, ils avaient le droit de le faire
                                  exécuter par leur employé comme ils auraient pu y procéder eux-mêmes.
                                        Pourtant M. Brun n’avait pas agi en qualité d’employé de “Mante
                                  Frères” puisqu’il faisait partie de la maison “Brun Frères” portefaix ayant
                                  bureaux ouverts à Marseille rue Thiars 27 ; à ce titre il était donc éven-
                                  tuellement et alternativement occupé par tous les négociants, qui comme
                                  “Mante Frères”, avaient confiance en lui sans être cependant l’employé
                                  proprement dit d’aucun d’entre eux.
                                        De plus, juridiquement, les portefaix n’étaient pas rangés parmi les
                                  domestiques ou employés du négociant qui les occupait, de même qu’il
                                  n’y avait légalement pas de distinction entre le portefaix proprement dit,
                                  c’est-à-dire l’homme de peine qui opérait en personne le transport des far-
                                  deaux, et le maître portefaix   (83) , c’est-à-dire l’industriel qui, comme
                                  M. Brun, se chargeait, pour le compte des négociants, de faire effectuer par
                                  des hommes de peine avec lesquels il traitait directement, l’embarquement
                                  ou le débarquement des marchandises.
                                        En 1931, par une lettre qu’ils adressent à leur président, les peseurs se
                                  plaignent de la manière volontairement inexacte dont certains portefaix font
                                  les annonces, les chiffres atteints étant de beaucoup supérieurs aux indica-
                                  tions données ; ainsi certains peseurs sont-ils lésés dans leur travail, laissant
                                  passer des chantiers, dont le rendement s’accroît considérablement.
                                        Cette déclaration qui revient en quelque sorte périodiquement, révè-
                                  le chez les portefaix un état particulier ; un portefaix aurait dit à un peseur
                                  qu’il ne voulait pas certains peseurs que le chantier ne satisfaisait jamais.
                                        Pour d’autres maisons, l’annonce “environ” s’étend dans des pro-
                                  portions extraordinaires ; beaucoup plus rarement, suivant la place ou le
                                  camionnage, elle ne s’étend pas du tout  (84) .






                                  Rapports avec les Partisanes




                                        En juillet 1887, un groupe de partisanes envoie une pétition à l’at-
                                  tention du syndicat des peseurs jurés de commerce : “Nous soussignées,
                                  dames partisanes et revendeuses du marché central et faisant partie du
                                  syndicat des partisanes du marché, protestons contre la lettre injurieuse
                                  qui a été écrite par la présidente de notre syndicat contre M. Maurel,
                                  peseur juré de commerce, lettre d’ailleurs que rien ne justifiait, et qui a été
                                  écrite sans notre approbation et à notre insu  (85) ”.
                                        En effet le mois précédant, la présidente du syndicat des partisanes
                                  avait protesté contre les manières peu correctes et la vivacité du dit peseur.
                                  Faute de preuves, la plainte fut retirée.
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